La plateforme « En mouvement, citoyen-ne-s ! » du Parti de Gauche

Le congrès du Parti de Gauche s’est réuni à Villejuif. Cette résolution politique a été adoptée par le Congrès 2015

 

EN MOUVEMENT, CITOYEN-NE-S ! 

Introduction

Prendre le pouvoir pour changer le monde et permettre à toutes et tous de vivre mieux : voilà
l’objectif  du  Parti  de  Gauche.  C’est  à  la  racine  que  nous  voulons  changer  le  système.  Nous
devons lutter en actes et sur le terrain des idées. La fabrique du consentement a un nom dans
nos sociétés : « Il n’y a pas d’alternative (TINA) ». Nous sommes persuadés du contraire, à
nous de rendre cette conviction majoritaire.

Les conditions de vie sont de plus en plus dures  pour la majorité de la population, les défis
sont  immenses,  la  résignation  et  le  repli  sur  soi  semblent  prendre  le  dessus.  Nous  sommes
dans un ressac de l’histoire. Mais les ressources populaires existent pour faire autrement. Les
points  d’appui  sont  nombreux.  Des  luttes  traversent  notre  société.  Dans  les  entreprises,  les
syndicalistes  n’ont  jamais  cessé  de  combattre  le  pouvoir  du  capital.  Les  combats  contre  les
grands projets inutiles se poursuivent (Notre Dame des Landes,  LGV Lyon-Turin…). Contre
le  TAFTA  ou  l’exploitation  des  gaz  de  schiste  se  lèvent  des  oppositions  citoyennes.  Des
mouvements  de  résistance  pour  une  amélioration  de  la  qualité  des  services  publics
apparaissent.  C’est  tout  à  la  fois  une  aspiration  anticapitaliste  et  antiproductiviste  qui
s’exprime.

Dans le capitalisme et sous la 5 eme République, l’inégale répartition des richesses est redoublée
par l’inégale répartition du pouvoir. Ce dernier est de plus en plus concentré : au travail, dans
les  mains  des  actionnaires  ;  dans  la  cité,  dans  celles  des  oligarques.  Ils  forment  la  même
classe,  un  entre-soi  de  riches  privilégiés  qui  jouissent  de  l’exploitation  des  autres.  En  toutes
circonstances, nos intérêts s’opposent radicalement à la classe qui possède tout : notre combat
est une lutte des classes. Nous voulons partager, ils accaparent. Nous voulons la démocratie,
ils tentent par tous les moyens de l’entraver.

Une alternative est possible dès lors que nous reprenons le rôle de déclencheurs qui a conduit
à  la  formidable  campagne  de  2012.  Sous  les  mauvais coups  de  la  politique  de
François Hollande,  fragilisés  notamment  par  l’échec  des  dernières  européennes  et  les
stratégies à géométrie variable du Front de Gauche lors des élections municipales, nous avons
perdu cet élan. Il est temps de le retrouver.

Il y a quatre ans, Syriza faisait 4% aux élections. En Espagne, en quelques mois, Podemos a
surgi sur la scène politique. Il est possible de progresser puis de gagner sur le terrain électoral
en  portant  un  programme  de  radicalité  dans  l’indépendance  complète  vis-à-vis  du  social-
libéralisme.  Une  voie  originale  est  à  construire  en  France,  articulant  l’indispensable
implication citoyenne et le rassemblement des forces politiques autonomes du Gouvernement
défendant  des  valeurs  d’écologie,  de  solidarité  et de  démocratie.  C’est  notre  objectif  dès  les
prochaines élections régionales. C’est l’objectif que nous nous fixons pour 2017.

Nous qui n’avons ni le pouvoir de l’argent, ni celui des médias, qui n’avons rien d’autre que
notre  conviction,  volonté  et  sens  collectif,  nous  disposons  d’un  outil  précieux,  le  Parti  de
Gauche,  et  d’un  projet  ambitieux  et  réaliste :  la  République  écosocialiste.  Nous  sommes
attachés  à  des  idées  et  c’est  en  œuvrant  à  un  mouvement  plus  large  que  nous  pourrons  les
amener au pouvoir.

Le vieux monde se meurt

Le capitalisme financier n’est pas une abstraction, il se déploie dans la réalité matérielle et est
conduit par des individus déterminés. Il aggrave sa pression sur les rémunérations du travail,
la  baisse  des  cotisations  sociales  et  fiscales,  il impose  des  allègements  des  règlementations
sociales  et  environnementales  et  se  lance  dans  la  recherche  de  nouveaux  champs  d’activités
par l’extension de la sphère marchande (privatisations, marchandisation du vivant). Sa toute-
puissance  dans  l’entreprise  s’étend  peu  à  peu  à  toutes  les  sphères  de  la  société,  à  chaque
segment  de  la  vie.  Le  capitalisme  concerne  l’habitat,  avec  ses  zones  de  relégation  et  ses
quartiers  pour  riches,  il  transforme  des  villes  et villages  en  musées  à  ciel  ouvert.  Il
conditionne  l’alimentation,  réservant  la  malbouffe au  plus  grand  nombre.  Il  rythme  et
conditionne le temps, celui de l’exploitation instantanée du capital devenant la norme de vie
qui s’impose à tous avec le travail de nuit, du dimanche, parcellisé pour nombre de femmes au
temps partiel imposé.  Il  exclut le long terme nécessaire  à toute planification et à la prise en
compte des défis actuels. Jamais les inégalités n’ont été aussi fortes. Les 85 milliardaires les
plus  riches  du  monde  possèdent  autant  que  les  50%  les  plus  pauvres  de  la  population
mondiale.

Les  crises  économique,  sociale  et  écologique  sont  inhérentes  au  capitalisme.  Nous  voulons
donc  renverser  l’ordre  capitaliste,  productiviste  et  patriarcal  qui  exploite  les  hommes  et  les
femmes,  détruit  l’écosystème  humain,  dissout  les  institutions  démocratiques  partout  dans  le
monde, provoque des guerres et déshumanise les peuples en s’attaquant à leur dignité. Pour lui
substituer une nouvelle hiérarchie des valeurs, où la coopération primera sur la compétition,
en remettant l’Humain d’abord.

Une bifurcation écologique

La logique de développement du capitalisme impose une croissance sans fin de la production
et de la consommation.  Le réchauffement climatique se manifeste  concrètement.  Les  efforts
pour  limiter  la  hausse  des  températures  à  2°C  selon  les  recommandations  du  GIEC
supposeraient  une  rupture  complète  avec  les  modes  de  production,  de  consommation  et  de
transport dominants. Les pollutions de l’air, de l’eau et des sols atteignent désormais un seuil
critique  qui  met  en  péril  la  santé  et  la  qualité  de  vie  de  la  population,  à  commencer  par  les
plus  pauvres.  La  dissémination  des  polluants  (pesticides,  perturbateurs,  endocriniens,
nanoparticules)  devient  plus  que  préoccupante.  La  prolifération  nucléaire  civile  et  militaire,
introduit de nouveau dangers. Non contentes de breveter le vivant, des multinationales jouent
dangereusement  avec  leurs  OGM.  Le  jour  de  dépassement  de  la  capacité  de  la  planète  à
renouveler  ses  ressources  avance  d’année  en  année  (le  18  août  en  2014).  La  biodiversité  et
l’équilibre de notre écosystème sont mis en danger. La catastrophe de Fukushima a démontré
s’il  en  était  besoin  l’impasse  de  l’énergie  nucléaire  et  l’urgence  d’une  véritable  transition
énergétique. La croissance sans fin met l’écosystème humain en danger, elle entraîne toute la
population  humaine  vers  le  désastre,  en  touchant  d’abord  les  plus  pauvres.  L’espoir  d’une
« croissance  verte  »  est  une  vision  à  court  terme  qui  se  refuse  à  remettre  en  cause  notre
modèle  de  développement  fondé  sur  la  mondialisation,  l’hyperconsumérisme  et  la
marchandisation de tous les échanges, des conditions de vie et de travail de la majorité de la
population.  Une  croissance  infinie  sur  une  planète dont  nombre  de  ressources  ne  sont  pas
renouvelables est une illusion.

Théorie du choc des civilisations, politiques impérialistes va-t-en guerre

Le  monde  est  entré  dans  l’ère  des  «  guerres  de  l’Empire  global  ».  Les  enjeux  géopolitiques
classiques,  comme  le  contrôle  des  approvisionnements  en  matières  premières,  se  mêlent  à                              l’exacerbation de la concurrence économique dans le cadre du capitalisme financiarisé dominé
par  les  États-Unis.  Ces  derniers  se  sont  lancés  dans  une  nouvelle  offensive  contre  les  pays
d’Amérique  latine  (fonds  vautours  contre  l’Argentine,  spéculation  sur  l’approvisionnement
alimentaire au Venezuela…).

L’OTAN  est  une  alliance  susceptible  d’agir  partout dans  le  monde.  Les  enjeux  de  pure
domination géopolitique et économique ne pouvant pas être seuls mis en avant, la défense de
« droits de l’Homme » dépolitisés est convoquée et la situation des femmes instrumentalisée.
Ce  fut  le  cas  en  Irak  où  l’intervention  anglo-américaine  de  2003  a  provoqué  le  chaos  et  en
Libye où l’OTAN a outrepassé en 2011 le mandat donné par l’ONU. Selon la théorie du choc
des civilisations, hors de  « l’Occident  », tout est considéré  comme  « menaces  »  et  «  risques
terroristes ». Cette théorie habille les conflits géopolitiques en conflits confessionnels.

La  guerre  coloniale  que  livre  l’État  d’Israël  en  Palestine  se  poursuit.  Exempté  de  toute
sanction concrète qui viendrait de l’application du droit international, l’État d’Israël massacre
la population gazaouie, multiplie les colonies en Cisjordanie, aggrave l’apartheid imposé aux
arabes israéliens. Cette guerre perpétuelle permet aux Gouvernements israéliens de tenter de
rassembler une population subissant une propagande identitaire et sécuritaire.

En  Libye,  en  Irak,  en  Syrie  ou  au  Yémen,  les  États-Unis  tirent  prétexte  du  chaos  qu’ils  ont
eux-mêmes créé, en armant des terroristes islamistes, avec l’aide de leurs alliés pour justifier
les  interventions  meurtrières  pour  les  populations.  Quatre  ans  après  les  soulèvements
populaires  du  monde  arabe,  les  peuples  restent  pris  en  étau  entre  les  régimes  autoritaires  et
dictatoriaux (comme le régime d’Assad), la progression d’un fanatisme subventionné par les
monarchies wahhabites du Golfe, les seigneurs de guerre mafieux.

En Ukraine, plus qu’ailleurs, « le capitalisme porte la guerre comme la nuée porte l’orage »
(Jaurès). L’entêtement étasunien à étendre l’OTAN comme levier de pression contre la Russie
au  seul  profit  de  sa  politique  hégémonique  militaire,  économique  et  monétaire  crée  les
conditions  d’une  nouvelle  guerre  tragique  à  l’échelle  européenne.  Nous  rejetons  toute
ingérence  et  toute  logique  de  guerre  contre  la  Russie,  sans  pour  autant  soutenir  le  régime
politique du président Poutine qui n’hésite pas à exacerber un climat autoritaire au service de
l’oligarchie  russe.
6 000 morts  civils  déjà,  18 000 blessés,  plus  d’un million  de  réfugiés,  des
ministres néo-nazis au Gouvernement. Les oligarques locaux se taillent de nouvelles fortunes
grâce  au  chaos.  En  Ukraine  aujourd’hui  comme  en  Yougoslavie  hier,  l’UE  pousse  à  la
destruction  des  États  en  exacerbant  les  séparatismes  ethniques,  conformément  à  la  vision
identitaire et régionaliste portée par l’Allemagne. Cette politique a provoqué la destruction de
la Yougoslavie et son remplacement par des entités croupionnes comme le régime mafieux de
Pristina, soutenu à bout de bras par l’UE.

En  Afrique  et  au  Moyen-Orient,  la  France  est  devenue  un  sous-traitant  militaire  des  États-
Unis,  forts  de  leurs  800 bases  militaires  dans  le  monde  et  leurs  2,6 millions  de  soldats.
François Hollande  est  entré  par  trois  fois  en  guerre,  devenant  ainsi  le  président  le  plus
belliciste  de  la  5 eme République.  La  France  poursuit  par  ailleurs  une  politique  de  domination
économique  sur  l’Afrique,  au  service  exclusif  d’élites  corrompues,  tant  françaises
qu’africaines.  Partout,  les  guerres  viennent  renforcer  et  exacerber  les  comportements  discriminatoires  et
violents que subissent les femmes en temps de paix. Les violences envers les femmes et les
viols se systématisent et deviennent des armes de guerre.

Les  guerres de l’OTAN  chassent aussi les populations du Moyen-Orient  (Libye, Syrie,…) et
dans  la  corne  de  l’Afrique  (Érythrée,  Somalie,…),  déjà  plongées  dans  la  misère  par  les
politiques commerciales agressives de l’UE qui impose le libre-échange à de nombreux pays
africains.  Conséquence,  depuis  le  début  de  l’année plus  de  1 600 migrants  sont  morts  en
Méditerranée,  avec  pour  unique  réponse  de  l’Union  européenne  le  renforcement  de
FRONTEX.

L’austérité étrangle l’Europe

Des  potions  d’austérité  sont  appliquées  dans  toute l’Europe.  Les  mêmes  recettes  éculées
conduisent aux mêmes résultats désastreux : la pauvreté et le chômage explosent, les salaires
baissent,  le  droit  du  travail  est  détricoté,  les  services  publics  (santé,  éducation…)  sont
saccagés,  l’activité  économique  est  étouffée,  les  recettes  fiscales  diminuent.  L’austérité
augmente  la  dette,  dans  un  cercle  vicieux  qui  a  conduit  en  Grèce  à  plus  de  dix  plans
d’austérité.  Ces  politiques  renforcent  les  inégalités  entre  hommes  et  femmes.  Celles-ci  sont
les premières touchées par les coupes budgétaires dans les services publics et par les emplois
précaires et le temps partiel (70 % des travailleurs pauvres sont des travailleuses).

Pour  imposer  ces  politiques,  la  Troïka  (Union  européenne,  Banque  Centrale  Européenne,
Fonds  Monétaire  International) et  les  institutions  européennes  ont  confisqué  la  souveraineté
des  peuples.  Au  service  du  capitalisme  financier  et  des  multinationales,  aux  ordres  de  la
bourgeoisie allemande et des oligarchies européennes, elles ont mis l’Europe sous tutelle. La
France  a  laissé  petit  à  petit  l’Allemagne  imposer  son  modèle  économique  puis  monétaire
marqué  par  l’obsession  pour  la  stabilité  monétaire.  Les  dirigeants  allemands  ont  dès  l’Acte
unique et le traité de Maastricht, avec l’appui des néolibéraux de toute l’Europe, annihilé toute
idée  d’harmonisation  sociale.  L’hégémonie  allemande  s’est  progressivement  bâtie  d’une  part
sur la conquête des marchés ouverts à l’Est après la fin de la  guerre froide ; d’autre part en
posant  comme  condition  à  l’entrée  dans  l’euro  la  conformité  avec  la  politique  monétaire
allemande.

Aujourd’hui,  le  «  modèle  allemand  »  est  donné  en  exemple.  Pourtant,  les  exportations
massives qui en constituent le socle n’y sont rendues possibles que par l’exploitation des pays
limitrophes et de sa propre classe ouvrière.  Il n’est donc ni imitable, ni efficace : le taux de
pauvreté  atteint  en  Allemagne  un  record  de  15,5%  de  la  population,  inégalé  depuis  la
réunification.

La  dette  sert  en  fait  de  prétexte  à  la  remise  en  cause  des  acquis  sociaux.  Elle  permet  aux
grands propriétaires et aux plus riches de s’approprier de nombreux éléments du patrimoine et
du  service  public  (multiplication  du  mécénat  pour  les  établissements  publics,  accaparement
des  ressources  naturelles,  promotion  des  partenariats  publics-privés…).  La  dette  permet  de
justifier  le  gel  des  salaires,  la  fin  des  services publics  et  des  solidarités,  pendant  que  les
puissants se gavent à coup de dividendes et de retraites chapeaux et que l’évasion et la fraude
fiscales prospèrent impunis.

Une caste a confisqué le pouvoir en Europe

Les  institutions  européennes  sont  intrinsèquement  anti-démocratiques :  la  Commission
européenne non élue est toute puissante. Elle a désormais la possibilité de mettre sous tutelle
les budgets des États qui ne respecteraient pas ses « règles d’or » et peut imposer sa volonté
aux  parlements  élus  tout  au  long  de  leur  procédure budgétaire.  Le  refus  par  les  peuples  de
leurs politiques libérales, affirmé dans trois pays en 2005 à travers le rejet par référendum de
la ratification du traité constitutionnel européen, qui le rend illégitime, est nié et moqué. Les
négociations du TSCG et actuellement du GMT/TAFTA se font dans l’opacité totale, loin d’un
quelconque contrôle démocratique. Le Gouvernement démocratiquement élu par les Grecs se
heurte  à  un  dogmatisme  arrogant. Jean-Claude  Juncker  a  même  pu  déclarer  qu’il  n’y  avait
« pas de choix démocratique possible en dehors des traités européens ».

Le monarque Hollande, dans les pas de Sarkozy et Merkel
François Hollande est le dernier représentant d’une monarchie présidentielle à bout de souffle.
Élu  en  prétendant  faire  la  guerre  à  la  finance,  il s’est  mis  dans  les  pas  des  conservateurs
allemands. Loin des promesses du Bourget, valet de Merkel, il a avalé le traité européen d’une
traite. Il a cédé aux pigeons au lieu d’être à l’offensive pour conforter le monde du travail. Il a
multiplié les cadeaux au Medef, augmentant ainsi le nombre de chômeurs et de précaires. Il a
passé  en  force  la  loi  Macron,  plus  grand  recul  social  des  dernières  décennies,  dont  les
premières  victimes  seront  les femmes  et  tous  les  précaires.  Il  organise  le  démantèlement  de
l’État social et met en œuvre avec son Gouvernement les politiques que la droite avait rêvé de
faire  mais  n’avait  pu  imposer.  Ses  pseudo-discours écologiques  ne  peuvent  masquer  les
régressions  environnementales  mises  en  œuvre.  C’est  la  FNSEA  qui  décide  de  la  politique
agricole  de  la  France.  Celle-ci  accélère  l’industrialisation  de  l’agriculture  au  détriment  des
paysans et d’une alimentation de qualité.

Depuis  2012,  le  Medef  a  assis  son  pouvoir  à  l’Élysée.  Réforme  des  retraites,  ANI,  CICE,
réforme de l’assurance chômage, « Pacte de responsabilité », loi Macron, etc., l’ensemble des
politiques mises en œuvre conduisent à l’accroissement du coût et du pouvoir du capital. Le
nombre  de  milliardaires  français  a  augmenté  de  20% en  2014  alors  qu’il  y  a  déjà  860  000
chômeurs  de  plus  depuis  l’arrivée  de  Hollande  au  pouvoir.  Le  chômage  concerne  plus  de
5 millions de personnes dont 41% de chômeurs de longue durée. Celles et ceux qui demeurent
dans l’emploi sont contraint-e-s de tout accepter : travailler plus, dans des conditions toujours
plus précaires (travail le dimanche, mobilité imposée, intérim, etc.), pour gagner moins. Les
traités  européens  de  libre  échange  ont  permis  au  patronat  d’imposer  aux  travailleurs  les
conditions de travail de leur pays d’origine : ces travailleurs détachés, surexploités et pauvres,
travaillent sur le territoire national pour des salaires moitié moindres que le salaire minimum
Les  embauches  en  CDI  ne  sont  plus  la  règle et  souvent  pour  des  horaires  30%  supérieurs.
mais l’exception. Dans un pays plus riche que jamais, la pauvreté s’accroît et frappe 9 millions
de  personnes.  La  précarité  atteint  particulièrement  les  jeunes,  les  femmes,  les  personnes  en
situations  de  handicap  et  les  plus  de  50  ans.  Les  inégalités  progressent  de  manière
spectaculaire.  Les  10%  les  plus  riches  accaparent  30%  de  l’ensemble  des  revenus  (et
détiennent 60% du capital) alors que les 10% les plus pauvres en perçoivent 7 fois moins.

Obstacle  aux  objectifs  de  Bruxelles  et  du  Medef,  l’héritage  du  Conseil  National  de  la
Résistance  est  en  passe  d’être  liquidé. Le  Gouvernement  Hollande-Valls  poursuit  la
libéralisation et la braderie des services publics de transport, d’énergie et de communication.
Les  services  publics  de  santé,  d’éducation,  de  culture  sont  étouffés  par  des  contraintes
budgétaires,  au  prix  de  la  dégradation  des  services  et  de  la  fermeture  d’équipements  de
proximité.  En  ne  s’opposant  pas  aux  délocalisations  vers  les  pays  à  main  d’œuvre
surexploitée,  il  brade  usines  et  savoir-faire  de  nos  ingénieurs,  techniciens,  ouvriers  et  il
accepte la casse de pans entiers de notre économie et du tissu industriel français (sidérurgie,
chantiers  navals, automobile  et  mécanique,  défense,  raffinage,  agroalimentaire…).  Des
communes et départements entiers  sont dévastés par le chômage.

La  représentation  nationale  est  bâillonnée  notamment  par  l’utilisation  du  49.3  à  l’Assemblée
Nationale  et  par  une  soumission  aveugle  au  président  de  la  République.  La  monarchie
présidentielle de la 5 eme République a fait prospérer le pouvoir des technocrates, des banquiers,
des patrons de presse et de grands groupes, des politiciens cumulards, menteurs et fraudeurs.
Les  scandales  et  les  affaires  défraient  la  chronique.  Les  médias  dominants,  détenus  par  une
poignée  d’hommes  d’affaire,  de  financiers  et  d’industriels,  instillent  à  grands  renforts  l’idée
qu’aucune  alternative  n’est  possible.  Les  souffrances  et  les  indignations  se  multiplient.  Face
aux  résistances,  la  répression  s’abat.  Le  contrôle policier  s’étend  notamment  avec  l’adoption
de  la  loi  sur  le  renseignement  qui  vise  à  mettre  en  place  une  surveillance  de  masse.  Le
Gouvernement  utilisant  la  peur  du  terrorisme,  fait peser  une  menace  sur  les  contestations
politiques  et  sociales  qui  l’affrontent  :  criminalisation  des  syndicalistes  en  lutte,  interdiction
des manifestations, violences policières dans les ZAD et les quartiers populaires… La caste ne
veut pas perdre ses privilèges.

L’identité républicaine est menacée

Les  tenants  du  système  brisent  les  identités  de  classes  et  la  conscience  républicaine,  et
construisent  des  oppositions  ethniques  et  religieuses.  Tout  est  fait  pour  diviser  le  peuple,
l’empêcher ainsi d’exercer sa souveraineté. C’est tout l’héritage de la Révolution qui est mis
en cause.

La  France  est  pourtant  une  nation  qui  s’est  fondée sur  un  contrat  politique  que  proclame  sa
devise  :  « Liberté,  Egalité,  Fraternité ».  Elle  se  doit  de  partager  ce  contrat  avec  tout  être
humain. En ce sens elle est une nation universaliste. L’assignation à des origines ethniques, à
des appartenances religieuses, réelles ou supposées, va de pair avec l’instrumentalisation des
religions.  La  haine  et  la  peur  de  l’autre  sont  encouragées  pour  justifier  un  climat
d’asservissement  sécuritaire  volontaire  et  déconstruire  la  conscience  républicaine  et  la
conscience  de  classe.  Les  cas  recensés  de  violences  racistes  de  tous  types  alimentent
malheureusement  repli  et  discours  communautaires.  L’antisémitisme  progresse  de  manière
inquiétante.  Le  Gouvernement  lui-même  joue  des  indignations  sélectives  en  désignant,
notamment,  les  Roms  comme  un  problème,  un  obstacle à  l’intégration.  Médias  et
Gouvernement  encouragent  la  haine  et  le  soupçon  à  l’égard  des  musulmans  alimentant  le
discours et les actes racistes. Nos concitoyens de confession musulmane – ou supposés tels –
sont stigmatisés et soupçonnés d’être des terroristes en puissance. Ce rejet spécifique qui les
réduit à cette « identité » vient s’ajouter au rejet subi par les immigrés en général. A cela nous
opposons premièrement  une lutte sans faille contre toute forme de racisme. Nous portons le
combat  antiraciste,  la  lutte  contre  les  discriminations,  le  refus  d’une  lecture  ethniciste,  le
rappel  des  solidarités  contre  les  divisions  communautaristes.  Enfin,  nous  opposons  aussi  à
cela la défense de la laïcité comme mode opératoire de la République. La France doit devenir
une  République  laïque  sur  l’ensemble  de  son  territoire,  y  compris  en  Alsace  Moselle.  Pour
cela nous mettrons fin au Concordat afin que la loi de 1905 s’applique à tous les départements
français sans exception. Cette République laïque garantira la liberté de conscience, la stricte
égalité des droits et l’orientation de la puissance publique vers l’intérêt général.
Pour les  néolibéraux, la République une et indivisible est un obstacle. Depuis son arrivée au
pouvoir,  le  PS,  parti  des  grands  féodaux  et  des  petits  barons,  a  engagé  un  processus  de
destruction  du  cadre  républicain.  C’est  ainsi  que  s’opère  par  exemple  la  casse  de  l’école
républicaine,  sous  les  effets  conjugués  des  réformes  des  rythmes  scolaires  et  du  collège,  de
l’austérité budgétaire et de la promotion par le Medef d’une vision minimaliste et utilitariste
des savoirs basée sur les compétences. Conséquence, les inégalités scolaires s’accroissent, aux
dépens,  d’abord,  des  enfants  des  classes  populaires.  Réforme  des  rythmes  scolaires  et  du
collège, réforme Fioraso des Universités, réforme territoriale de Santé, loi de programmation
militaire 2014-2019… Toutes ces attaques ont un but : servir encore davantage les intérêts du
capital  en  mettant  en  concurrence  les  populations. La  réforme  territoriale  aggrave  encore  la
situation,  en  éloignant  méthodiquement  les  lieux  de  pouvoir  des  citoyens  et  en  faisant
basculer du cadre national vers l’agrégat des régions le champ de la loi. Ces politiques sont
promues  par  l’Union  européenne,  l’un  des  principaux  agents  de  ce  processus  de
démembrement,  à  travers  le  soutien  au  développement  d’euro-régions  au  détriment  du  cadre
de l’État-nation.

Le Front National, complice du système
Le  Front  National,  fidèle  complice  du  système,  joue  son  rôle  à  merveille.  Diviser,  toujours
diviser,  pour  mieux  défendre  les  intérêts  des  puissants.  Son  discours  libéral  des  dernières
décennies  a  laissé  place  à  un  programme  qui  puise  dans  le  vocabulaire  de  la  gauche  pour
séduire  les  classes  populaires  comme  le  faisaient  les  partis  fascistes  des  années  30.  La
dénonciation morale ne l’a jamais arrêté. Il nous faut dénoncer les supercheries du FN sur tous
les terrains.  Le soutien à la règle des 3% et aux politiques d’austérité, à la 5 eme République ou
encore son refus de la hausse du SMIC, son opposition aux 35h et ses positions réactionnaires
sur  les  droits  des  femmes  et  des  personnes  LGBT  (malgré  l’instrumentalisation  de  ces
questions), l’inscrivent clairement dans la défense du système.
Complice  de  ce  système,  le  FN  en  est  aussi  la  résultante  tant  il  bénéficie,  d’une  part,  d’un
appareil  politico-médiatique  complaisant,  d’autre  part,  d’une  crise  démocratique  exacerbée
par  le  Parti  Socialiste  au  pouvoir.  En  effet,  si  la  progression  de  l’extrême  droite  n’est  pas  à
minimiser,  elle  est  un  indicateur  de  l’état  des  conditions  du  vivre  ensemble  dont  une  large
responsabilité revient au discours politique véhiculé par nos élites. Le glissement idéologique
toujours  plus  important  de  l’UMP,  la  stigmatisation  à  l’égard  des  étrangers  ou  de  certaines
communautés  par  le  Gouvernement  socialiste,  n’ont  fait  qu’enrichir  le  terreau  de  l’extrême-
droite.  De  son  coté,  le  système  médiatique  ne  cesse  d’en  renforcer  l’image  en  lui  accordant
une  surexposition  audiovisuelle,  tout  en  légitimant  ses  thématiques  favorites  dans  le  débat
public.
Sur  cette  dynamique,  le  FN  mobilise  le  mieux  son  électorat,  et  a  réussi  à  élargir  son
implantation  sur  les  plans  géographique  et  social. La  perspective  de  le  voir  au  pouvoir
n’apparait plus impossible pour beaucoup de nos concitoyens. Nous prendrons des initiatives
autonomes et participerons à des mobilisations unitaires pour refuser la banalisation du Front
National et  nous opposer à l’extrême-droite sous toutes ses formes.

Relever la tête

Syriza a fait craquer la chaîne

Le 25 janvier 2015, pour la première fois la chaîne de l’austérité a craqué en Europe. Syriza a
gagné les élections. Le peuple grec retrouve sa dignité et reprend son avenir en main.

Durant des années, le système a imposé sa loi sur la vie des Grecs, plan d’austérité après plan
d’austérité.  La  Troïka,  avec  la  complicité  des  médias,  a  jugulé  le  peuple  grec.  Le
remboursement des intérêts de la dette était la seule perspective imposée, alors que les écoles
ferment, qu’on meurt faute de soins, que des milliers de jeunes ont quitté le pays, pour trouver
un avenir ailleurs.

Dès  son  élection,  Alexis  Tsipras  a  montré  sa  détermination.  La  réaction  de  l’oligarchie
politico-financière ne s’est pas fait attendre. Parasites sans frontière ni patrie, les investisseurs
ont organisé la fuite de capitaux vers les paradis fiscaux. La  Banque Centrale Européenne a
ouvert  les  hostilités  en  coupant  les  liquidités  à  la  Grèce  pendant  qu’Alexis  Tsipras  faisait  le
tour  de  l’Europe  pour  renégocier  le  plan  d’endettement.  Toute  la  brutalité  de  l’Europe
austéritaire  est apparue  au grand jour.  La démocratie n’est tolérée que quand elle va dans le
sens  des  puissants.  Les  décisions  n’étaient  pas  économiques,  la  dette  grecque  ne  pèse  rien.
Elles étaient politiques. La Grèce avait osé sortir du rang, il fallait faire plier la Grèce de peur
que d’autres peuples décident de suivre son exemple. Malgré cela, le Gouvernement grec ne
plie pas et, malgré le veto de la Commission européenne, a fait voter une loi qui suspend les
expulsions  de  logement  pour  cause  de  dette,  verse  une  aide  alimentaire  aux  plus  pauvres,
rétablit le courant chez les plus démunis, et refuse de baisser les retraites.

Syriza, Podemos : le peuple en marche

Par sa fermeté dans le refus de toute compromission avec le PASOK, le rejet des politiques
d’austérité et la défense  de la dignité du peuple grec face aux injures des technocrates de la
Troïka,  Syriza  a  réussi  à  rassembler  toutes  celles et  ceux  qui  refusaient  comme  avenir
l’austérité  sans  fin  et  la  perte  de  la  souveraineté  populaire.  Au  départ  coalition  classique  de
plusieurs  partis  de  gauche,  il  a  fini  par  réunir  dans  un  même  mouvement  des  citoyens,  des
partis, des associations, malgré des histoires très différentes. Il a soutenu, avec ses militants,
les démarches associatives de solidarité concrète dans les quartiers pauvres, des actions contre
les expulsions : un véritable soutien aux actions de désobéissance. C’est le peuple en marche
qui,  à  travers  Syriza,  a  relevé  la  tête.  C’est  pourquoi  il  est  plus  que  jamais  indispensable
d’organiser la solidarité avec le Gouvernement grec.

Pour  l’oligarchie  il  faut  le  faire  taire,  car  l’oligarchie  craint  la  contagion.  En  Espagne,
Podemos  brise  l’impasse  du  consensus,  de  l’alternance  sans  changement  et  du  bipartisme
PP/PSOE en s’imposant comme l’une des premières forces politiques majeures dans le débat
public.  Ce  nouveau  parti  a  cherché  à  renouveler  les  façons  de  faire  de  la  politique  et  s’est
affranchi  des  codes  militants  pour  toucher  le  plus grand  nombre,  en  proposant  un  seul
rassemblement  autonome  des  sociaux-démocrates.  Dans  un  pays  brutalisé  par  l’austérité,
écœuré  par  la  corruption  et  les  scandales,  il  répond  à  l’aspiration  des  Espagnols  à  un  vrai
renouvellement de la classe politique.

En France aussi des énergies existent

Bien  sûr  la  France  ne  subit  pas  encore  la  même  dégradation  sociale  que  l’Espagne  ou  la
Grèce. Elle ne connaît pas (encore ?) de mobilisations d’ampleur contre l’austérité comme en
Belgique  ou  en  Italie.  Elle  n’est  pourtant  pas  silencieuse.  Des  luttes  éclatées,  inégales  mais
réelles,  se  construisent  ici  ou  là  :  contre  les  grands  projets  inutiles,  pour  la  défense  des
services  publics  (santé,  transports),  au  sein  et  autour  d’entreprises  menacées  de  fermeture,
pour  les  conditions  de  travail,  des  salaires  décents,  etc.  ou  contre  l’austérité  dans  les
collectivités territoriales. Elles tissent un lien de résistance dans le pays, voient de nouvelles
générations se former, impulsent des radicalités concrètes et des contreprojets. Dans le même
temps, 45% des citoyennes et citoyens du pays participent à des associations ou s’investissent
dans des actions collectives de façon ponctuelle. Les syndicats continuent de rassembler des
centaines  de  milliers  de  travailleurs.  Face  aux  tentatives  d’intégration  des  organisations
syndicales à la politique du Gouvernement par un simulacre de « dialogue social », CGT, FO,
Solidaires et FSU ont opposé un front du refus en boycottant la conférence sociale de 2014.
C’est un point d’appui dans le combat que nous menons, tout comme le sont les grèves, surtout
lorsqu’elles  sont  victorieuses,  comme  celle  des  femmes  de  ménage  des  grands  hôtels
parisiens,  et  lorsqu’elles  permettent  des  mobilisations  nationales,  comme  la  grève  et
l’imposante manifestation interprofessionnelle du 9 avril 2015.
Les  marches  des  10  et  11  janvier  2015,  suite  aux  assassinats  des  journalistes  de  Charlie
Hebdo,  de  deux  policiers  et  de  citoyens  de  confession  juive,  ont  permis  une  mobilisation
populaire  inédite.  Certes,  tout  le  pays  n’était  pas  présent  dans  la  rue,  et  cette  séquence  a
permis au Gouvernement de Hollande de promouvoir une politique internationale belliciste et
de  mettre  en  place  une  surveillance  généralisée  de la  population  à  travers  la  loi
Renseignement. Malgré ce détournement, ces marches ont aussi mis en avant l’attachement de
la  population  à  des  valeurs  telles  que  la  liberté  de  la  presse,  la  liberté  d’expression,  la
fraternité et la laïcité.

L’abstention de masse paraît s’être installée dans la durée. Aux élections intermédiaires, elle
est devenue le premier choix politique en France. Elle s’appuie sur des motivations diverses.
Elle peut prendre la forme d’une insurrection froide exprimant le rejet d’un système politique
décomposé qui n’offre plus aucune perspective. Elle signifie le refus des parodies électorales
qui voient les promesses de campagne bafouées au lendemain des élections. Elle manifeste le
dégoût pour des politiciens cumulards plus intéressés par leur carrière que par la satisfaction
de  l’intérêt  général.  Elle  s’aggrave  avec  les  reniements  du  Gouvernement,  pulvérisant  la
conviction  qu’un  «  changement  »  est  possible,  et  ajoutant  au  désespoir  le  sentiment  du
mensonge  pour  celles  et  ceux  qui  avaient  cru  aux  promesses  du  candidat.  Les  premiers  à
renoncer au vote, désormais perçu comme inefficace et inutile, sont les membres des classes
populaires.  C’est  le  principal  obstacle  qui  se  dresse  face  à  nous  dans  notre  entreprise  de
conquête du pouvoir.

La lutte des classes n’a jamais cessé

La société reste aujourd’hui divisée en classes aux intérêts antagonistes. A l’oligarchie et ses
alliés  dans  la  bourgeoisie  traditionnelle  et  dans  le  salariat  s’opposent  les  classes  populaires
(ouvriers, employés, petits agriculteurs et artisans…) et des populations intermédiaires. Même
si  elles  ont  des  modes  de  vie  et  des  niveaux  de  revenu  différents,  les  classes  populaires  et
intermédiaires n’ont que leur force de travail pour vivre et partagent la même place dans les
rapports de production. C’est ce rapport qui comprime les salaires. C’est lui aussi qui fragilise
les statuts, qui accroît le chômage, qui remet en cause les droits à l’éducation, à la santé, à la
sécurité,  etc.  La  lutte  de  classes  demeure,  qui  redouble  la  brutalité  du  patriarcat  pour  de
nombreuses femmes. Bien au-delà des catégories les plus démunies, la peur du déclassement
social gagne aujourd’hui des millions d’hommes et de femmes à travers le pays. Actifs privés
de leur droit l’emploi, chômeurs et précaires ne se distinguent, parmi la classe des travailleurs,
qu’en ce qu’ils font le plus nettement l’expérience de la violence de l’exploitation. La toute-
puissance du capital s’étend peu à peu à toutes les sphères de la société, à chaque segment de
la  vie.  L’habitat,  avec  ses zones  de  relégation  et ses  quartiers  pour  riches,  l’alimentation,
réservant  la  malbouffe  au  plus  grand  nombre.  Elle  rythme  et  conditionne  le  temps.  La
ségrégation  économique,  spatiale  et  culturelle  est le  reflet  des  divisions  sociales.  Loin  d’une
quelconque « moyennisation », le monde social est en voie de désagrégation et c’est bien vers
le  bas  que  la  très  grande  majorité  de  la  population  voit  ses  conditions  d’existence
s’homogénéiser.

En revanche, une grande partie de cette classe sociale n’a pas conscience d’elle-même ni de
ses  intérêts  communs.  Le  capitalisme  vise  à  imposer  l’individualisme  comme  norme,  la
réussite individuelle comme valeur et la recherche d’accumulation sans limite comme finalité
de la vie. En opposant les chômeurs et les salariés, en dressant les pauvres contre les encore
plus pauvres, en enfermant les citoyen-ne-s dans des « origines » ethniques ou religieuses, il
mine  les  solidarités,  il  joue  de  la  peur  du  déclassement,  afin  de  conserver  et  d’accroître  ses
privilèges.

En  mettant  en  scène  une  grande  «  classe  moyenne  »  d’une  part  et  des  exclus  de                                                           l’autre, le système rend  honteuse l’appartenance  aux classes populaires et veut faire  croire à
une « moyennisation » de populations aux réalités très diverses. Notre travail politique s’inscrit
dans  la  lutte  des  classes,  et  notre  tâche  est  de  reconstruire  cette  conscience  de  classe.  Nous
devons  rendre  la  dignité  et  la  fierté  à  la  culture ouvrière  et  populaire.  Notre  rôle  est  de
travailler  à  une  nouvelle  alliance  sociale  et  politique  à  vocation  majoritaire  autour  de  la
défense d’intérêts communs et d’un projet commun.

Fédérer le peuple

La  catastrophe  écologique  démontre  l’existence  d’un  intérêt  général  humain  :  préserver
l’écosystème qui rend la vie humaine possible. Dès lors, la lutte des classes s’inscrit dans un
cadre  plus  ample,  le  rapport  de  l’homme  à  la  nature,  d’autant  que  c’est  la  même  classe
dominante qui détruit l’écosystème et met en péril le bien commun de l’humanité.

L’explosion démographique, l’urbanisation massive, l’alphabétisation, les nouveaux outils de
communication ont fortement accru les liens d’interdépendance entre individus. Dès lors, de
ces  interactions  permanentes,  émergent  des  revendications  politiques.  Des  mouvements  de
résistance  se  créent.  Ils  peuvent  prendre  la  forme de  luttes  contre  la  hausse  des  tarifs  de
transport, pour une amélioration de la qualité des services nécessaires à la vie urbaine (accès à
l’eau,  transport,  assainissement,  développement  des  réseaux),  exprimant  à  la  fois  des
aspirations  anticapitalistes  et  antiproductivistes.  A  chaque  fois,  ils  affirment  une  même
exigence : décider, contrôler, face à la caste qui a confisqué le pouvoir et les richesses.
Notre   tâche  est  donc  de  fédérer  le  peuple,  acteur révolutionnaire,  autour  d’un  intérêt
commun :  la  conquête  de  sa  souveraineté  dans  tous  les  compartiments  de  son  existence,  au
travail comme dans la Cité, là où il vit et là où se délibèrent les lois. Le processus constituant
permettra de rétablir le plein exercice de la souveraineté populaire. Par lui, le peuple pourra
reprendre son avenir en main.  C’est la méthode de la Révolution Citoyenne.

Engager la bataille culturelle et idéologique

Le  poids  du  système  écrase  toutes  les  alternatives qui  existent,  il  paraît  indépassable.  La
culture  est  un  enjeu  fondamental  dont  le  capitalisme  globalisé  s’est  emparé.  La
marchandisation de divertissements dits culturels n’est pas qu’une source de profit, mais aussi
un  vecteur  de  conditionnement  des  esprits.  Au  contraire,  la  pratique  créative  et  sa
fréquentation,  libres,  dégagées  du  consumérisme,  sont  des  espaces  essentiels
d’expérimentation,  de  résistance  et  d’action  contre  le  consentement  à  l’ordre  établi,  à  ses
valeurs et à ses normes. L’art, la culture et les sciences constituent un enjeu primordial de la
bataille culturelle au service de l’émancipation. C’est bien pour cela que culture et idéologie
dominantes  sont  rabâchées  sur  toutes  les  antennes, dans  tous  les  journaux.  Elles  éteignent
toutes les braises du changement. La bataille politique est par nature idéologique et pratique :
pour  renverser  l’ordre  établi,  nous  devons  éveiller  les  consciences  et  rendre  pensable  un
nouvel  horizon  en  agissant  en  cohérence  avec  nos  discours.  Constamment,  nous  devons
déchiffrer  et  donner  à  voir  les  dominations  économiques  et  la  crise  écologique  pour  mieux
démontrer comment elles peuvent être renversées. Mais nous avons un adversaire de taille : le
TINA  façonne  les  clés  de  lecture  par  lesquelles  nos  contemporains  saisissent  le  monde.  En
s’assurant  une  hégémonie  culturelle,  le  capitalisme  borne  l’horizon  du  pensable  et  réduit  les
possibles.  La  misère  est  un  outil  de  résignation  et  ne  conduit  pas  automatiquement  à  la
révolte.  Le  mécanisme  de  l’oppression  des  peuples  comme  des  individus  est  la  servitude
Le système l’entretient sans cesse, en produisant de la peur et de la culpabilité. Le
volontaire.
citoyen  est  invité  à  rétrécir  ses  ambitions,  à  se  replier  sur  lui-même  pour  résoudre  ses
problèmes.  Au  lieu  de  s’unir  aux  autres  opprimés  pour  combattre  les  privilèges  de  la  classe
dominante, il idéalise et conforte le pouvoir des oppresseurs, par peur du déclassement. Nous
devons lutter pied à pied pour déconstruire les fausses évidences.

Notre projet va à rebours de la doxa libérale, il est l’exact opposé du « TINA ». Démontrons
que  notre  projet  est  à  la  fois  possible  et  nécessaire,  en  accompagnant  nos  propositions  de
démonstrations  claires,  documentées,  chiffrées  et  accessibles  au  plus  grand  nombre.  C’est
contre  ce  que  nous  portons  qu’il  n’y  a  pas  d’alternative.  Fins  de  mois  difficiles,  chômage,
impôts  injustement  répartis,  loyers  exorbitants  et emprunts  à  la  consommation  qui
compriment le budget des ménages, distances domicile-travail, renoncements aux soins… Ce
sont ces problématiques que nous devons porter en proposant des solutions à la fois rapides à
mettre  en  œuvre,  crédibles  et  convaincantes  pour  changer  la  vie  de  ceux  à  qui  nous  nous
adressons. La gratuité doit s’imposer comme principe fondamental, dans les services publics
par  exemple,  mais  aussi  par  l’ouverture  de  nouveaux  droits,  la  tarification  devenant  une
exception. Le marché privatise ce qui est commun quand la gratuité rend commun ce qui est
privatisé. De la même manière, nous devons aborder concrètement les questions écologiques :
pollution,  malbouffe,  changement  climatique.  Ces  revendications  s’expriment  aujourd’hui
dans la société, mais sont portées de manière éclatée. A nous de les relier entre elles.

Pensons  notre  matériel  pour  refléter  la  démarche  positive  que  nous  initions,  en  osant    nous
affranchir des codes militants, tant dans les slogans que dans l’image qu’il dégage. Plutôt que
des campagnes défensives, osons les contre-propositions : incarnons l’évidence plutôt que la
contestation.  Sortons  des  mots-écrans  qui  nous  empêchent  de  penser  et  qui  glissent  sur  les
consciences jusqu’à en être inaudibles. De nombreux citoyens, qui pourraient approuver notre
programme, ne se reconnaissent plus dans les appels à voter « à gauche », notamment au sein
de  la  jeunesse  et  des  classes  populaires.  Ce  sont les  premiers  qui  viennent  gonfler  les  rangs
des  abstentionnistes.  Pour  les  rassembler,  nous  devons  incarner  la  rupture  avec  les  tenants
d’un  système  en  bout  de  course,  avec  la  «  caste  »  qui  a  confisqué  le  pouvoir.  Nous  devons
prendre  garde à ne pas mobiliser des références  abstraites pour le plus grand nombre. Notre
langage doit entrer en résonance avec les perceptions de la population. C’est ainsi, en faisant
peuple dans une culture partagée, que nous ramènerons les citoyens vers la politique.

Mais la bataille culturelle ne se fait pas qu’avec des mots, elle se fait surtout dans l’action. Les
résistances au système  existent mais elles sont  éparpillées  et divisées. Nombre de structures
collectives  sont  en  partie  décrédibilisées,  parfois  raillées.  Les  différentes  expériences  de
résistance, d’alternative, de pensée politique ont besoin d’une jonction, que le système cherche
à  empêcher  de  toutes  ses  forces.  Syndicaliste  expérimenté-e  ,militant-e  politique,  féministe,
militant-e associatif-ve, intellectuel-le engagé-e, collectif d’artistes,
en passant par les citoyen-
ne-s  qui  donnent  quelques  heures  dans  une  association  de  quartier,  la  mise  en  branle  d’un
processus  d’intelligence  collective  créant  des  liens  entre  toutes  ces  luttes,  tous  ces  savoirs
politiques, est devenue urgente. C’est la confiance dans le combat collectif pour la solidarité
et la souveraineté populaire, condition de l’émancipation individuelle, qu’il faut  retrouver et
faire partager. Adressons-nous à la majorité sociale, repensons nos modes de communication,
lançons la bataille des réseaux sociaux !

Notre bataille culturelle est aussi féministe. Nous combattrons résolument les clichés sexistes
véhiculés par les médias et la publicité. Ce type de violence symbolique constitue le terreau
des violences physiques que subissent quotidiennement les femmes, que ce soit les différentes
formes de harcèlement, les agressions sexuelles (75 000 viols sont perpétrés chaque année), la
violence  au  sein  du  couple  (tous  les  trois  jours,  une  femme  meurt  sous  les  coups  de  son
compagnon) ou la prostitution.

Un projet global : la République écosocialiste

L’écosocialisme pour inventer des jours heureux

Pour l’intérêt général

Notre projet est celui de l’intérêt général. La société que nous voulons créer affirme le droit
de toutes et tous à vivre heureux et en paix. Ceci implique une société où les droits humains
fondamentaux (individuels et sociaux) sont garantis, où les sources d’énergies sont reconnues
comme  biens  communs,  où  les  valeurs  de  solidarité  l’emportent  sur  les  logiques  de
compétition et d’exclusion, et où les citoyens ont la maîtrise effective des choix collectifs.

L’écosocialisme  est  une réponse  globale  de  court  et  long  terme  dont  la  crédibilité  se  vérifie
chaque jour. Il s’inspire du “Buen vivir” porté par les peuples indigènes du continent Latino-
Américain  et  de  la  politique  des  Gouvernements  de  gauche  de  Rafael  Correa  en  Equateur,
Evo Morales en Bolivie ou Pepe Mujica en Uruguay, progressistes tant sur le plan social que
sur le plan écologique (réappropriation des ressources naturelles et pétrolières, redistribution
des dividendes, politique éducative, préservation des biens communs, audit de la dette).

De par sa richesse, plus élevée que jamais mais essentiellement accumulée par une minorité,
et de par sa place dans le monde, la France a parfaitement les moyens de mettre en œuvre un
tel  choix.  Elle  doit  favoriser  les  circuits  courts et  relocaliser  sa  production  en  initiant  une
coopération  nouvelle  :  le  protectionnisme  solidaire  et  écologique.  Dans  ce  projet  global,  les
DROM (départements et régions d’outre mer) ont une place privilégiée. Parties intégrantes de
la République, ils représentent 90 % de notre territoire national maritime, et un enjeu majeur
pour la mise en œuvre d’une politique écosocialiste indispensable.

L’écosocialisme permet de contribuer de façon exemplaire, en tant que pays, à la lutte contre
la  catastrophe  écologique  qui  s’annonce,  par  une  transformation  majeure  des  modes  de
production  et  de  consommation  planifiée  dans  le  temps.  Il  vise  l’émancipation  humaine  et
implique  de  rompre  avec  la  domination  sur  notre  société  de  la  logique  capitaliste
d’accumulation  maximale  et  sans  fin  du  capital.  Ainsi,  il  s’inscrit  dans  l’histoire  du
socialisme.  Par  rapport  à  cette  histoire,  et  face  à  la  catastrophe  écologique  qui  s’annonce,  il
introduit  pleinement  la  dimension  écologique  et  la lutte  contre  le  productivisme.  C’est
pourquoi  nous  le  qualifions  d’écosocialiste.  En  défendant  l’intérêt  général  humain,  il
renouvelle la pensée républicaine en proposant aux peuples souverains de remettre le système
productif et l’économie sous contrôle citoyen et au service du progrès humain et des besoins
réels.

Avec  nos  projets  politiques  portés  par  l’écosocialisme,  nous  œuvrons  pour  une  re-
industrialisation  du  pays,  orientée  essentiellement  vers  la  transition  écologique  (énergie,
transport,  logements…).  Il  défend  l’émancipation  politique,  sociale  et  intellectuelle  et
proclame, avec Jean Jaurès, que les citoyens doivent être rois dans la cité et dans l’entreprise !

Souverains dans l’entreprise, libres dans la cité

La transition écosocialiste pose fondamentalement la question de la propriété des moyens de
production  et  des  biens  communs.  Nous  devons  nous  approprier  nos  principaux  outils  de
production pour mettre en œuvre les choix décidés souverainement.

Pour  trouver  le  chemin  de  la  démocratie  réelle  et  du  progrès  social,  il  faut  donc  attaquer  le
problème  à  sa  source  :  le  rapport  capital/travail. La  souveraineté  doit  être  conquise  dans
l’entreprise  comme  dans  la  cité,  et  la  délibération  collective  doit  orienter  l’économie.  Une
planification  décentralisée,  démocratique  et  basée sur  des  indicateurs  de  progrès  humain,
social  et  écologique,  permettra  de  coordonner  l’activité  économique  autour  d’objectifs
nationaux, départementaux et locaux.

Dans  ce  but,  les  secteurs  stratégiques  (transports,  énergie,  eau,  banques,  santé,  industries
pharmaceutiques,  industries  de  défense,  télécommunications,  Poste,  etc.)  devront  être
immédiatement nationalisés ou socialisés. Dans les autres secteurs, la socialisation se fera de
manière progressive. Des expériences de ce type ont déjà été effectuées en Bolivie, en Suède
et au Danemark notamment. Dans ces pays, des fonds ont été créés par l’État pour transférer
les actions des entreprises peu à peu vers les salariés. En agissant dans cette direction, nous
mettrons  fin  au  privilège  fondateur  du  capitalisme par  lequel  la  totalité  du  capital  accumulé
par l’entreprise appartient unilatéralement aux actionnaires. Au pouvoir, nous organiserons le
transfert de la propriété  d’une part croissante du capital aux salariés  en tant que collectif de
travail.  Ce  capital  ne  donnera  pas  droit  à  dividendes  et  appartiendra  collectivement  aux
salariés de l’entreprise.

L’objectif  est  d’atteindre  ainsi  une  économie  mixte,  où  le  travail  soit  libre  et  non  exploité,
conjuguant des  entreprises privées en coopératives, des entreprises privées sous contrôle des
salariés et de la Nation, des entreprises publiques avec des droits étendus pour les salariés. Un
Indice  de  Progrès  Humain  mesurant  la  qualité  de  vie  (pollution,  santé,  éducation,
biodiversité…) sera créé.

L’écosocialisme vise également à redonner au peuple français pleine et entière souveraineté.
Celle-ci, dans l’optique de la République sociale, doit se déployer dans toutes les dimensions
de la vie collective. Dès lors, une politique écosocialiste assure à notre Nation la souveraineté
du peuple, mais aussi la souveraineté alimentaire et énergétique.

Voilà l’objectif de la Révolution citoyenne.

Une revendication : la 6 eme République

Nous défendrons l’extension du champ de la souveraineté du peuple dans tous les secteurs de
la vie. Elle abolira la monarchie présidentielle, instaurera le non cumul des mandats (dans le
temps et dans l’espace), la proportionnelle aux élections et la reconnaissance du vote blanc en
tant  que  suffrage  exprimé.  Elle  mettra  en  place  des  outils  de  révocation  des  élus  et  des
référendums  à  tous  les  échelons  pour  allier  démocratie  directe  et  représentative.  Elle
instaurera le référendum d’initiative populaire dans tous les domaines pouvant être ouverts à
l’intervention  directe  des  citoyens,  pour  proposer ou  abroger  des  lois,  ou  sur  des  traités supranationaux.
Elle  réaffirmera  que  les  élus  sont  au  service  de  l’intérêt  général.                                                                                                    Elle supprimera  la  servitude  du  citoyen  dans  l’entreprise  par  la  démocratie  sociale.  Elle  fera
« France de tout bois » en refondant le code d’entrée du séjour et du droit d’asile et instaurant
un nouveau code de la nationalité reposant sur le droit du sol.

A  nouvelle  République,  nouveaux  droits.  Nous  proposerons  d’inclure  la  protection  des
salariés par l’interdiction des licenciements économiques dans les entreprises en bonne santé
financière, un droit de veto des Comités d’entreprises sur toutes les décisions stratégiques et
une  caisse  de  solidarité  du  travail  financée  par  les  cotisations  patronales  qui  viendra  en
soutien aux TPE ; le droit effectif à la retraite à 60 ans ; la réduction du temps de travail ; un
salaire  maximal  pour  lutter  contre  les  inégalités  et  favoriser  l’augmentation  des  salaires  ;  la
régularisation  des  sans-papiers  ;  le  droit  de  vote à  tous  les  résidents  étrangers  ; des  droits
nouveaux pour les chômeurs ; la lutte contre la précarité des conditions de vie par le droit au
logement  ;  la  baisse  des  loyers,  le  droit  à  l’éducation  gratuite,  l’accès  à  la  culture,  l’accès
gratuit à la santé, la gratuité des premiers m3 d’eau et kWh d’électricité ou encore la création
massive d’emplois publics pour garantir la transition écologique.

La démocratie, l’égalité sociale, la laïcité et le féminisme doivent y trouver leur application.
Nous  favoriserons  un  renouveau  des  droits  fondamentaux  émancipateurs  des  personnes
humaines,  émancipateurs  car  dégagés  de  la  biologie comme  des  limites  religieuses  ou  des
contraintes marchandes : égalité des droits quels que soient le sexe, l’origine ou l’orientation
sexuelle, libre autodétermination de son genre, libre disposition de son corps (abolition de la
prostitution,  droit  à  l’IVG  et  à  la  PMA),  libre  établissement  de  la  filiation  familiale  par
l’engagement parental, libre choix de sa fin de vie…

Les  droits  à  la  justice,  à  la  sûreté  et  à  la  sécurité  seront  restaurés,  grâce  à  un  plan
d’investissements dans la justice, les politiques de prévention et la Protection Judiciaire de la
Jeunesse.  La  6eme République  bénéficiera  d’une  police  nationale  et  d’une  police  de  proximité
avec  des  moyens  réévalués  et  mettra  fin  à  la  politique  du  chiffre,  à  l’armement  des  polices
municipales,  au  recours  à  la  vidéosurveillance,  et aux  contrôles  au  faciès.  Nous  lutterons
résolument contre toutes les délinquances y compris la délinquance patronale. L’impunité des
puissants cessera !

La  6 eme République  devra  inclure  la  «  règle  verte  ».  Dans toutes  les  productions  et  toutes  les
activités, on ne prélèvera pas davantage dans la nature que ce qu’elle est capable elle-même de
reconstituer.  L’écosocialisme  est  un  humanisme  et  un  universalisme  socialiste  concrets.  Ce
n’est  pas  une  utopie  à  laquelle  le  réel  devrait  se conformer.  C’est  la  réponse  humaine
raisonnée à l’impasse dans laquelle est enfermée dorénavant l’humanité en raison des modes
de  production  et  de  consommation  de  notre  temps,  qui  épuisent  l’être  humain  et
l’environnement.  Elle  appelle  une  pensée  et  une  action  politique  radicales,  au  sens  où  elles
doivent  aller  à  la  racine  des  causes.  Elle  combat  les  deux  moteurs  du  système  actuel  :  le
capitalisme et le productivisme.

La Révolution Citoyenne, dès maintenant, pour 2017 !

Aucun  scénario,  même  le  plus  pessimiste,  n’est  à  exclure.  Mais  la  victoire  de  Syriza  et  la
croissance  fulgurante  de  Podemos  sont  des  points  d’appuis  formidables.  À  nous  de  trouver
notre propre voie !

Une méthode : la Constituante

2017 peut être l’année de la bifurcation en France.
Nous  devons  aborder  l’élection  importante  de  la  5 eme République,  l’élection  présidentielle,
comme une véritable insurrection et en finir avec le vieux monde. Face à tous ses tenants, le
peuple pourra ainsi surgir pour renverser la table. Nous élirons donc le dernier président de la
5 eme République.  Sitôt  élu,  il  convoquera  une  assemblée  constituante  par  référendum.  Nous
abordons l’élection présidentielle avec une détermination : instaurer la 6 eme République, c’est à
dire  le  moyen de  remettre  le  peuple  aux  commandes.  Comme  en  2012,  notre  candidature
incarnera donc la rupture avec les institutions actuelles.

En 2017, un Gouvernement d’urgence nationale

Nous devrons également agir rapidement pour engager la rupture. Ainsi, sans attendre la fin
des travaux de l’Assemblée constituante, nous mettrons en œuvre des mesures d’urgence pour
redonner du pouvoir d’agir au peuple et répondre à ses aspirations sociales et écologiques.
Précurseur de la 6 eme République, le Gouvernement d’urgence nationale organisera le rapport de
force  avec  l’oligarchie.  Il  sortira  la  France  de  l’OTAN  et  mettra  en  œuvre  les  premiers
contacts  nécessaires  à  la  création  d’une  alliance  altermondialiste  s’appuyant  sur  les  États
émergents.  Il décrètera un moratoire sur la dette, le temps de mener un  audit, en s’appuyant
sur  le  travail  des  associations  (CAC,  CADTM,  etc.),  sur  la  base  duquel  nous  refuserons  de
payer la part illégitime de la dette.

Pour  répondre  aux  aspirations  du  peuple,  le  Gouvernement  prendra  des  mesures  sociales  et
écologiques  concrètes.  Celles-ci  seront  détaillées dans  un    document  programmatique  Nous
pouvons néanmoins réaffirmer ici la création massive d’emplois publics, la généralisation du
CDI  et  la  réduction  du  temps  de  travail  (semaine  de  32  h  sur  4  jours,  6 eme semaine  de  congés
payés,  retraite  à  60  ans),  la  hausse  des  salaires  à  commencer  par  le  SMIC  à  1700  €  brut  et
l’instauration  d’un  salaire  et  d’un  revenu  maximum,  la  sortie  du  nucléaire,  la  fin  des
privatisations, la  gratuité dans la santé  et l’éducation et son développement dans le domaine
des transports, l’investissement dans la recherche et la démocratisation de l’accès à la culture.

Notre  projet  de  société  est  inséparable  de  notre  projet  pour  l’école  :  former  des  individus
autonomes,  dotés  d’une  culture  et  de  qualifications,  citoyens  en  devenir  de  la  6 eme République
que  nous  voulons  construire.  Notre  Gouvernement  mobilisera  les  moyens  nécessaires  aux
enjeux  éducatifs  et  agira  en  priorité  pour  le  rétablissement  du  cadre  républicain,  garant  de
l’égalité de traitement de tous les élèves et du respect de la laïcité sur l’ensemble du territoire
national.

Plus aucun sacrifice pour les traités, aujourd’hui la souveraineté nationale doit primer

A ce stade de l’histoire, seul le cadre national, immédiatement disponible comme alternative
aux  institutions  supranationales  actuelles,  peut  permettre  l’expression  de  la  souveraineté
populaire.

L’affrontement  avec  le  capitalisme  et  la  mise  en  œuvre  de  notre  projet  écosocialiste
nécessitent donc la reconquête de la souveraineté populaire, et ce d’abord à l’échelle nationale.
Ce n’est pas une condition suffisante pour rompre avec le capitalisme financier, mais c’est une
condition nécessaire. Cette volonté d’indépendance n’est en aucun cas synonyme d’isolement
et  d’arrêt  des  échanges  coopératifs.  Face  aux  forces  puissantes  qui  nous  oppriment,  aucune
internationale  des  travailleurs  ne  naîtra  spontanément  de  la  rencontre  entre  des  peuples
préalablement  privés  de  toute  forme  de  souveraineté.  La  construction  d’un  nouvel
internationalisme passe donc par un rétablissement de l’exercice de la souveraineté populaire
dans  le  cadre  de  l’État-Nation,  condition  de  l’édification  de  nouvelles  solidarités
internationales. Un  peu  d’internationalisme  éloigne  de  la  patrie ;  beaucoup
d’internationalisme  y  ramène.  Un  peu  de  patriotisme  éloigne  de  l’internationale ;  beaucoup
de patriotisme y ramène, disait Jaurès.

¨ Plan A : désobéissance et construction d’un rapport de force européen pour en finir
avec les traités

Le programme du Parti de Gauche est incompatible avec l’Union européenne telle qu’elle est
définie par les traités. Dans l’état actuel des rapports de forces politiques au sein de l’UE, il
est parfaitement illusoire d’espérer une réorientation radicale des politiques et des institutions
européennes si l’on se contente d’attendre que tous nos partenaires soient disposés à engager
une  renégociation  des  traités.  Le  droit  européen  émanant  des  traités  et  des  directives  de
l’Union européenne ne doit être le prétexte d’aucune régression. Si nous arrivons au pouvoir,
pour appliquer notre programme, nous mènerons, avec tous les États prêts à s’y engager avec
nous, une bataille diplomatique qui passera par la désobéissance aux traités.

Cette  stratégie  suscitera  une  très  forte  résistance  des  Gouvernements  de  droite  et  socio-
libéraux, en particulier du Gouvernement de grande coalition CDU-SPD dirigé par Merkel. La
politique économique allemande des années 2000 a grandement contribué à la crise de la zone
euro,  en  menant  une  politique  nationale  déflationniste  contre  le  reste  de  ses  voisins,  qui  a
aggravé  le  déséquilibre  des  balances  commerciales. Rappelons  qu’avant  cette  crise,  l’Italie,
l’Espagne, l’Irlande ou le Portugal étaient en parfaite santé budgétaire.

Si, malgré notre politique de désobéissance, le Gouvernement allemand continuait à bloquer
une  refonte  radicale  des  traités  permettant  aux  autres  États  européens  d’appliquer  des
politiques favorables aux peuples, sous serions prêts à aller plus loin et à assumer l’éclatement
de la zone euro et de l’Union européenne.

¨ Plan B : sortir de l’euro et de l’Union européenne

Notre  confrontation  avec  les  libéraux  européens  et notamment  avec  le  Gouvernement
allemand aura en effet pour enjeu principal la monnaie, et pourrait donc nous amener à sortir
de  l’euro.  Ce  qui  se  passe  en  Grèce  aujourd’hui  démontre  que  la  BCE  se  sert  de  sa
confiscation  du  pouvoir  monétaire  pour  empêcher  Syriza  d’appliquer  son  programme.  En
bloquant le refinancement des banques grecques et en organisant la pénurie des liquidités, elle
empêche le Gouvernement grec d’appliquer le programme pour lequel il a été élu. Pour ne pas
tomber  dans  le  même  piège,  nous  devons  assumer  dans  les  négociations  que  nous  avons  un
plan B : la sortie de l’euro.

Dès notre arrivée au pouvoir, nous porterons en effet la menace d’une réforme unilatérale des
statuts de la Banque de France pour lui permettre de monétiser la dette, c’est-à-dire d’acheter
des  obligations  d’État  en  son  nom.  Cette  réquisition  de  la  Banque  de  France  serait
accompagnée  d’un  contrôle  strict  des  mouvements  de capitaux.  La  technocratie  européenne
ne pourra ainsi pas utiliser le chantage du blocage des liquidités contre la France. Pour sortir
par le haut de la crise diplomatique que nous aurons ainsi créée, nous proposerons aux autres
pays européens une sortie négociée de la zone euro, qui conduira à un changement radical de
structure monétaire, via l’instauration d’une monnaie commune. Cette monnaie aurait ainsi un
taux  de  change  unique  vis-à-vis  des  monnaies  extérieures  à  la  zone  euro,  et  chaque  pays
membre  de  la  zone  conserverait  une  monnaie  nationale.  Nous  proposerons  la  mise  en  place
d’un  «  Partenariat  Monétaire  d’Equilibre  »  pour  que  l’explosion  de  la  zone  euro  ne  nous
ramène pas aux écueils du SME (Système Monétaire Européen) des années 1980. La banque
centrale de cette zone monétaire réformée aurait pour objectif de stabiliser les taux de change
intra-européens  entre  les  monnaies  nationales  pour limiter  les  différences  d’inflation  et  la
spéculation entre pays.

Notre  plan  de  sortie  de  l’euro  et  notre  stratégie  de  rupture  avec  les  institutions  européennes  seront
travaillées à l’issue de notre congrès, en lien avec tous les économistes, intellectuels,  syndicalistes et
partenaires politiques souhaitant s’y associer. Par ailleurs, nous sommes conscients du fait que le
cadre  actuel  de  l’UE  ne  nous  permettrait  pas  d’appliquer  pleinement  le  programme  pour
lequel nous serions élus, mais aussi du fait qu’aucune procédure n’existe pour exclure un État
de  l’UE.  C’est  pourquoi,  dans  le  cas  où  un  ensemble  d’États-Membres  refuseraient  de
négocier  nos  propositions  d’amendements  aux  traités,  nous  agirions  unilatéralement  en
violation des traités sur tous les points que nous jugerions essentiels pour respecter le mandat
donné par le peuple souverain. Nous engagerions les négociations avec tous les États disposés
à engager une refondation progressiste et démocratique de l’UE.

Si le rapport de force ainsi constitué ne permettait pas à l’UE de sortir du blocage, l’existence
de  l’UE  serait  alors  remise  en  cause  de  fait.  Nous assumons  pleinement  cette  éventualité,
puisque  le  statu  quo  d’une  Europe  déjà  parfaitement  désunie  n’est  pas  soutenable.  Si
l’obstination des néolibéraux à ignorer la volonté des peuples devait provoquer la dislocation
de l’UE, la France prendrait toutes les initiatives pour reconstruire une autre voie vers l’unité
et la solidarité des peuples d’Europe.

Une France indépendante au service d’une géopolitique internationaliste

Dans  le  même  temps,  la  France  doit  recommencer  à  parler  de  sa  propre  voix  sur  le  plan
géopolitique. Sa politique étrangère devra être basée sur une indépendance nationale, et devra
découler de sa devise politique à vocation universelle et internationaliste : « Liberté, Égalité,
Fraternité  »,  à  laquelle  nous  ajoutons  la  Laïcité. La  France  devra  refuser  l’enfermement
occidentalo-atlantiste  et  ses  présupposés  identitaires  ethnico-religieux  ou  « culturels  ».  Elle
devra  refuser  d’intervenir  militairement  hors  de  ses  frontières  en  dehors  d’opérations
encadrées par une ONU réformée.

Pour cela, la France doit rompre son alliance avec les États-Unis. Elle doit sortir de l’OTAN,
rejeter les traités du Grand Marché Transatlantique, réorienter ses alliances. Sans pour autant
souscrire à leurs régimes politiques, elle doit coopérer en matière militaire et monétaire avec
les  puissances  ayant  comme  elle  intérêt  à  l’avènement  d’un  monde  multipolaire  et  d’une
alternative  crédible  au  dollar,  à  commencer  par  les  «  BRICS  ».  Nos  partenaires  privilégiés
seront  les  Gouvernements  au  service  de  leur  peuple,  et  nos  partis  frères  (Syriza,  Podemos,
Sinn  Fein,  Front  Populaire  Tunisien,  Alianza  Pais, etc.).  Nous  proposerons  une  refonte  de
l’ONU sur des bases internationalistes – par exemple en appliquant la Charte de La Havane.
En adéquation avec cette logique, nous réaffirmons le caractère nécessaire de la mise en place
d’un protectionnisme solidaire, soit la mise en place de visas écologiques et sociaux visant à
relever le prix de produits fabriqués dans des pays ne respectant pas des standards sociaux ou
écologiques à définir. La politique de la France visera donc à une rupture profonde avec les
institutions favorisant le libre-échange, en premier lieu l’OMC, mais aussi le Fonds monétaire
international, avec la volonté de ne plus augmenter indéfiniment les échanges internationaux.
Aussi, elle s’engagera sur des sanctions douanières alourdies à l’encontre des paradis fiscaux.

Souverains dans notre pays, nous serons également respectueux de la souveraineté des autres
en effaçant les dettes des pays en développement et en abolissant toute politique néocoloniale
maintenue  par  des  États  ou  des  multinationales.  La France  appliquera  la  campagne
palestinienne Boycott, Désinvestissement, Sanctions (BDS) contre Israël et défendra un État
palestinien viable, ce qui passe par le démantèlement des colonies israéliennes, le retrait des
territoires  occupés,  la  reconnaissance  de  Jérusalem-Est  comme  capitale  du  nouvel  État  et  le
droit  au  retour  des  réfugiés  palestiniens  conformément  à  la  résolution  194  de  l’ONU.  En
Afrique, les peuples africains doivent déterminer eux-mêmes leurs choix politiques. Dans ce
cadre, la France doit soutenir les forces progressistes africaines en lutte contre les dictateurs,
pour  le  respect  des  processus  électoraux  démocratiques  et  pour  un  développement
écosocialiste dans le cadre d’une souveraineté économique, monétaire et militaire retrouvée.

Afin  d’assurer  la  défense  de  la  souveraineté  nationale,  nous  sommes  favorables  à  la
revalorisation  des  moyens  de  défense  de  la  Nation. Par  ailleurs,  l’industrie  de  défense  sera
entièrement  nationalisée,  la  production  des  armes  ne  pouvant  rester  aux  mains  du  privé.  Il
s’agira de sanctuariser tant l’industrie aérospatiale que celle de la défense en mettant en place
une politique protectionniste spécifique. Nous voulons pousser la République jusqu’au bout et
assurer  à  la  France  son  indépendance,  pour  cela  nous  nous  prononçons  pour  un  service
républicain, obligatoire, mixte, ayant une composante militaire et /ou civique.

Fédérer par l’implication citoyenne !

A  travers  la  6 eme République  par  la  constituante,  la  désobéissance  européenne,  le  programme
d’action  d’un  Gouvernement  d’urgence  nationale,  notre  projet  écosocialiste,  nous  entendons
rassembler  toutes  celles  et  ceux  qui  ne  veulent  plus  de  ce  système  qui  affame  les  peuples,
saccage l’écosystème, opprime et confisque le pouvoir. Rassembler celles et ceux qui veulent
abattre  la  monarchie  présidentielle  de  la  5 eme République,  celles  et  ceux  qui  convergent
aujourd’hui  dans  les  mobilisations  sociales  comme  écologistes,  les  expérimentations
concrètes  d’une  autre  société,  les  dynamiques  citoyennes  qui  ont  vu  le  jour  aux  élections
précédentes. La solution, c’est l’implication citoyenne.

Pouvoir d’agir

L’éducation  populaire  est  le  processus  par  lequel  tout  citoyen  peut  comprendre  dans  quel
système il vit et décider de s’engager dans un mouvement collectif de transformation sociale.
Les  tenants  de  l’éducation  populaire  politique  utilisent  différents  outils,  certains  issus  d’une
longue histoire ouvrière et résistante, d’autres plus récemment élaborés.
La  thèse  de  l’éducation  populaire  politique  analyse  que  les  institutions  du  monde  capitaliste
segmentent  consciencieusement  la  pensée  politique  afin  d’empêcher  toute  jonction  entre
expériences, savoirs et toute prise de conscience d’un intérêt commun.
L’éducation  populaire  est  une  méthode  d’émancipation  politique,  passant  par  la  mise  en
commun des savoirs et par l’intelligence collective.
L’idée est aussi de se doter de stratégie pour donner du pouvoir d’agir, condition nécessaire à
la  mise  en  mouvement.  Arracher  des  victoires,  mêmes  modestes,  est  un  point  d’appui  pour
redonner  confiance  dans  l’action  collective.  C’est à  nous  d’aller  vers  nos  concitoyens  en
fournissant  un  effort  constant  d’éclaircissement  de  nos  idées  et  propositions  dans  notre
expression publique. Cela implique également de repenser nos modes de communication pour
être intelligibles par tout-e-s.
Chaque  comité  pourra  donc  trouver  des  formes  qui  lui  conviennent  pour  mettre  en
mouvement  des  habitants  d’un  quartier  ou  pour  rassembler  des  militants  de  différentes
associations,  et  permettre  à  la  fois  l’implication citoyenne  dans  les  affaires  de  la  cité  et  la
jonction entre les expériences.
Par exemple :
•  Impulser des actions de solidarité concrètes
• Utiliser porteur de parole et porte à porte pour susciter une prise de conscience et démarrer
un travail d’implication citoyenne
• Agir dans les collectifs/associations déjà existants pour construire du savoir commun autour
de l’intérêt général (type ZAD, associations de riverains…)
• Créer des collectifs sur des « colères » (expulsions locatives…)
• Participer, voire créer des collectifs d’actions alternatives, d’expérimentations (AMAP, villes
en transition, Alternatiba…)
• Continuer à renforcer les syndicats et à se mobiliser dans les batailles sociales, soutenir les
lanceurs d’alertes…
•  Participer  à  la  convergence  de  ces  différentes  initiatives,  dans  une  perspective  de  rupture
avec le système

Pour un mouvement citoyen

La  Révolution  Citoyenne  reste  notre  feuille  de  route.  Nous  voulons  œuvrer  à  la
réappropriation populaire du pouvoir. Pour changer la donne en 2017, nous devons contribuer
à une large dynamique citoyenne.

Le Front de Gauche a  eu un rôle important en permettant de remobiliser un électorat  et des
citoyens dispersés. Il a permis la campagne exceptionnelle de 2012, mais n’a pas traduit son
succès  électoral  dans  un  nouveau  mouvement  populaire.  Le  moteur  s’est  essoufflé  dans
l’absence  de  cohérence  aux  élections  municipales  et  dans  le  manque  de  clarté  aux
européennes. Il reste un acquis, mais il est aujourd’hui incapable par lui-même de représenter
une  alternative.  Bien  sûr,  le  rassemblement  avec  d’autres  forces  comme  Europe  Ecologie  –
Les  Verts,  des  militants PS  en  rupture,  Nouvelle  Donne  ou  le  NPA,  le  POI  dans  des  cadres
unitaires existants, dans le soutien à Syriza ou dans les candidatures aux départementales est
un élément positif et encourageant. Mais il faut désormais faire plus.

On  ne  peut  plus  en  effet  se  satisfaire  d’un  cartel au  sommet,  même  élargi.  Nous  voulons
contribuer à des cadres d’implication permettant à toutes celles et ceux, militants politiques,
syndicalistes,  citoyens  en  colère,  de  reprendre  leurs  affaires  en  main  pour  faire  face  à  la
situation du pays. C’est notamment ce qui a permis le succès de Grenoble lors des élections
municipales et les victoires des listes de convergence citoyenne dans plusieurs grandes villes
espagnoles. Des candidatures citoyennes lors des départementales, les Chantiers d’espoir pour
le  travail  programmatique  ou  le  M6R,  organisation  indépendante,  qui  développe  un  réseau
citoyen  pour  la  6 eme République  et  la  Constituante,  sont  des  points  d’appui  pour  cela.  Le  bon
accueil  des  appels  pour  des  listes  de  rassemblement  citoyen  lors  des  élections  régionales
conforte cette détermination.

Le déclenchement d’une puissante dynamique citoyenne doit donc être notre priorité. Ce n’est
pas  contradictoire  avec  la  recherche  du  rassemblement  des  forces  politiques  autonomes  du
Gouvernement, défendant des valeurs de solidarité, d’écologie et de démocratie, dès lors que
celles-ci  acceptent  de  s’inscrire  en  soutien  d’une telle  démarche.  Cela  implique  de  dépasser
les  logiques  organisationnelles  dans  un  mouvement  citoyen,  s’appuyant  sur  des  assemblées
citoyennes dans lesquelles « une personne = une voix » et sur des assemblées représentatives.
Autonome vis-à-vis des forces du système, un tel mouvement s’engagera dans le soutien aux
mobilisations locales, dans l’élaboration programmatique et dans la mise en place de chartes
éthiques (non cumul des mandats, révocabilité) et mettra au cœur de son fonctionnement les
méthodes  de  l’éducation  populaire  pour  de  nouvelles  formes  d’implication,  de  débat  et
d’arbitrage.  Le  Parti  de  Gauche  se  veut  facilitateur  de  la  création  de  ce  mouvement.  Il  y
défendra  notamment  la  revendication  d’une  assemblée  constituante,  la  désobéissance  aux
traités de l’UE et le refus des politiques d’austérité et productivistes.

Le  Parti  de  Gauche  s’engagera  en  soutien  à  ce  mouvement,  dès  les  prochaines  élections
régionales, sur la base des propositions suivantes :

· l’expérimentation de formes nouvelles d’exercice de la démocratie,

· la mise en place d’Assemblées représentatives des démarches citoyennes,

· la convocation d’une Constituante,

· la  formation  aux  méthodes  de  débat  et  d’arbitrage  permettant  à  la  Constituante  de  se  tenir
une fois convoquée,

· la désobéissance aux traités de l’UE et à la politique d’austérité qui en découle,

· l’engagement  à  se  présenter  ensemble  aux  élections régionales,  présidentielles  et
législatives.
Il pourra s’appuyer sur des élus de terrain dans la logique de « la Gauche par l’exemple » et des
radicalités concrètes et travaillera à des liens avec les mouvements similaires des autres pays.

Une forte exigence en matière d’exemplarité de la vie politique est une condition sine qua non
de toute proposition politique. Des engagements clairs et novateurs comme le refus du cumul
des  mandats  ou  l’acceptation  de  sa  propre  révocabilité  doivent  être  pris  par  tou-te-s  les
candidat-e-s soutenu-e-s par le Parti de Gauche.

Nous  voulons  renverser  la  table  et  c’est  à  ce   niveau  que  se  situe  notre  ambition.  Nous
refuserons  de  gouverner  avec  le  PS   et  réaffirmons notre  autonomie  vis-à-vis  de  celui-ci.  A
l’issue du premier  tour, c’est dans le cadre des rassemblements citoyens que se prendront les
décisions  stratégiques  électorales,  en  fonction  des  cas  concrets  qui  se   présenteront  à  eux.
Chaque  parti  conservera  bien  sûr  son  libre  choix  mais   cette  décision  ne  pourra  engager  la
liste dans son ensemble ni s’y  substituer.

Le Parti de Gauche se veut facilitateur de la création de ce mouvement.

Le Parti de Gauche, parti d’action, parti éclaireur et déclencheur

Le  Parti  de  Gauche  est  un  parti  creuset  qui  s’est  construit  pour  aider  à  faire  grandir  une
alternative  à  l’impasse  sociale-démocrate  et  productiviste.  Il  a  su  renouveler  la  pensée
écosocialiste.  Même  de  façon  encore  insuffisante,  il  est  présent  dans  la  jeunesse,  dans  les
entreprises,  dans  la  paysannerie  et  recrute  dans  tous  les  milieux  sociaux.  Il  doit  désormais
plus  que  jamais  se  renforcer  pour  mieux  se  consacrer  au  déclenchement  de  dynamiques
citoyennes  partout  dans  le  pays.  Pour  cela,  il  doit  développer  une  démarche  d’éducation
populaire politique pour mettre son action au service de l’implication citoyenne. Ses militants
poursuivront  leurs  engagements  dans  les  mobilisations  sociales  ou  environnementales,
impulseront  des  pratiques  de  solidarité  concrète  et  participeront  à  des  initiatives
d’expérimentations  locales.  Il  doit  devenir  un  véritable  outil  de  lutte  contre  l’idéologie
dominante par des campagnes structurantes et positives, l’impulsion de nouveaux médias et le
développement de son activité sur les nouveaux réseaux de communication. Nous proposons
que  le  parti  porte  chaque  année  des  campagnes  nationales  thématiques  nous  plaçant  dans  la
centralité  des  débats  publics  et  de  la  bataille  culturelle,  avec  un  discours  clair,  avec  des
propositions concrètes.
Pour  cette  année,  nous  préparons  d’ores  et  déjà  la conférence  internationale  sur  le  climat
(COP21)  qui  se  tiendra  fin  novembre-début  décembre à  Paris.    Face  aux  discours  lénifiants
que ne vont pas manquer de tenir tous les Gouvernements libéraux ainsi que les compétitions
de  « verdissage »  auxquelles  vont  se  livrer  les  grands  groupes  industriels,  le  Parti  de  Gauche
mènera campagne pour la réduction des émissions de gaz à effets de serre, à commencer par
celles  des  pays  industrialisés  qui  ont  une  dette  climatique  vis-à-vis  des  autres  pays  et  des
populations  pauvres  des  pays  du  Sud.  Dans  ce  cadre nous  développerons  nos  propositions,
organiserons nos moments d’expression et participerons aux initiatives unitaires à commencer
par les actions organisées par Alternatiba.

Le Parti de Gauche, notre outil

Au service de ses objectifs, le Parti de Gauche lancera notamment les chantiers suivants :
•  Réorganisation des instances pour mieux tourner son énergie vers l’extérieur et permettre à
chaque militant-e d’être sur son territoire un déclencheur de dynamiques citoyennes.
•  Le  Parti  de  Gauche  aura  besoin  dans  les  années  qui  viennent  de  militants  nombreux  pour
assurer  une  présence  effective  au  service  des  citoyens  et  un  véritable  ancrage  dans  la
société,  notamment  dans  les  multiples  milieux  professionnels,  associatifs  et  syndicaux  et
dans les quartiers populaires.
•  Amélioration  de  nos  modes  de  fonctionnement  démocratiques,  au  quotidien  et  dans  toutes
les  instances,  de  la  réactivité  des  directions  locales  et  de  la  direction  nationale,  de  la
circulation de l’information dans les deux sens, d’outils numériques au service du débat, de
l’échange, articulation avec le temps long au CN.
• Travail sur les formes d’expression et de confrontation de nos idées pour permettre à chaque
militant  de  participer  aux  débats  et  aux  prises  de décisions,  développement  des  médias  du
parti,  d’un  secteur  « argumentaire  militant »  doté  d’une  coopérative  collaborative  en  ligne,
lancement d’une bibliothèque de savoirs critiques.
• Développement du pôle formation avec la perspective de la mutualisation des pratiques  et
des savoirs. Celui-ci aura pour rôle d’impulser dans chaque région des stages de formation
ou  des  formations  /  action  aussi  bien  pratiques  que  théoriques  ambitieuses.  Il  mettra  en
place  des  outils  coopératifs,  s’appuyant  sur  les  nouvelles  technologies  pour  mutualiser  les
expériences et les pratiques.
• Développement et coordination de la communication du Parti qui proposera des campagnes
structurantes,  positives,  accessibles  et  percutantes  autour  d’un  discours  clair  et
compréhensible  via  la  création  de  nouveaux  médias  pour  faire  contrepoids  à  l’appareil
médiatique de l’oligarchie et via un usage et une activité renforcée des nouveaux modes de
communication.  Ces  médias  alternatifs  doivent  servir  de  moyen  de  communication  mais
aussi d’outils pédagogiques de décryptage et de propositions.
• Impulsion de rencontres et d’un cadre permanent d’échanges avec des intellectuels critiques,
des  artistes,  des  militants  syndicalistes  et  associatifs,  des  expériences  de  radicalités
concrètes qui fleurissent partout, impliquant les militants et les commissions, et alimentant
les débats et réflexions du parti.

Conclusion

Jamais  les  citoyens  ne  se  sont  retrouvés  aussi  défiants  à  l’égard  d’un  pouvoir  toujours  plus
éloigné,  exercé  sans  retenue  par  une  oligarchie  mondialisée,  pour  le  plus  grand  profit  d’un
capital  transnational,  aux  règles  gravées  dans  le  marbre  de  traités  européens  ou
internationaux.  Pourtant  nous  pouvons  reconquérir  notre  souveraineté  !  Une  autre  politique
est  possible,  une  autre  politique  est  urgente.  Que vienne  enfin  le  temps  du  peuple,  le  temps
des  jours  heureux.  Le  cours  de  l’histoire  peut  basculer  dans  un  sens  comme  dans  un  autre.
Notre responsabilité est immense.

                              ANNEXE 1 : GLOSSAIRE

Alternatiba  Village des alternatives au changement climatique

ANI  Accord National Interprofessionnel

BCE  Banque Centrale Européenne

BRICS  Brazil, Russia, India, China, South Africa (Brésil, Russie, Inde, Chine et Afrique du Sud)

CAC  Cotation Assistée en Continu (principal indice boursier de la Bourse de Paris)

CADTM  Collectif pour l’Annulation de la Dette du Tiers-Monde

CDI  Contrat à Durée Indéterminée

CGT  Confédération Générale du Travail

CICE  Crédit d’Impôt pour la Compétitivité et l’Emploi

COP21  21ème Conférence des Parties (COP) à la Convention-cadre des Nations unies sur les changements
climatiques

EELV  Europe Ecologie – Les Verts

FMI  Fonds monétaire international

FNSEA  Fédération Nationale des Syndicats d’Exploitants Agricoles

FO  Force Ouvrière

FSU  Fédération syndicale unitaire

GIEC  Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat

GMT  Grand Marché Transatlantique (aussi appelé TAFTA)

IVG  Interruption Volontaire de Grossesse

LGBT  Lesbiennes, Gays, Bisexuels et Transgenres

M6R  Mouvement pour la 6e République

MEDEF  Mouvement des Entreprises DE France

NPA  Nouveau Parti Anticapitaliste

OMC  Organisation mondiale du commerce

ONU  Organisation des Nations unies

OTAN  Organisation du traité de l’Atlantique nord

PASOK  Panellínio Sosialistikó Kínima (Mouvement socialiste panhellénique)

PMA  Procréation Médicalement Assistée

POI  Parti Ouvrier Indépendant

PP  Partido Popular (Parti Populaire)

PSOE  Partido Socialista Obrero Español (Parti Socialiste Ouvrier Espagnol)

SME  Système Monétaire Européen

SYRIZA  Synaspismós Rizospastikís Aristerás (Coalition de la gauche radicale)

TAFTA  TransAtlantic Free Trade Area (aussi appelé Grand Marché Transatlantique)

TINA  « There is no alternative » (Margaret Thatcher)

TSCG  Traité sur la Stabilité, la Coordination et la Gouvernance (aussi appelé Pacte Budgétaire Européen)

UE  Union européenne

ZAD  Zone À Défendre

 

 

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