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Mai 20 2013

Le PG18 s’en mêle …

13Un article sur le blogs.mediapart de David Nakache a souhaité éclaircir le débat sur la marche du 5 Mai dernier, et l’appel à une 6 ème République. A l’accoutumance de nombreux intervenants du web et des média, ils ont pour habitude de tourner les mots et les versions comme ils l’entendent. Tandis que nous sommes complètement ouvert à la discussion sur tous les débats que nous, le Front de Gauche ouvre, et que la plupart des partis politiques ferment, nous souhaitons néanmoins un peu d’honnêteté dans les propos : ce qui est loin d’être le cas dans celui-ci. Nous avons souhaité proposer un « droit de réponse » à cet article.

Hold up sur la VIème République : ne Mélenchon pas tout !

Le mot d’ordre de la marche citoyenne du 5 mai 2013 organisée par Jean-Luc Mélenchon était un appel à la VIème République… mais sans jamais définir la VIème République en question.

Jean-Luc Mélenchon a tenu, durant cette manifestation, un triple discours : à la fois anti-austérité, anti-Hollande et pour la VIème République.

Précisons d’emblée que ces trois discours sont légitimes, mais pris séparément. Nous pouvons à bon droit rejeter la politique économique d’austérité de l’Union Européenne et je m’associe à ce rejet. Je comprends très bien les « déçus du changement » qui espéraient tant de la première année du quinquennat de François Hollande, même si je ne partage pas les critiques de Jean-Luc Mélenchon à l’égard du gouvernement et du Président de la République. Je soutiens l’action d’Arnaud Montebourg et l’idée d’une VIème République pour en finir avec les dérives du présidentialisme français et, a priori, voir cette idée reprise et diffusée est une satisfaction.

Pour autant, en superposant les discours, on brouille le message. Cette confusion, si elle ne porte pas atteinte aux arguments contre l’austérité en Europe ou contre la politique de François Hollande, porte atteinte à l’idée de VIème République en France et, de fait, nuit à sa possible mise en oeuvre. La démarche s’avère, en définitive, contre productive…. [La suite]

 

Réponse :

 

  1. A propos du dialogue sur les institutions.

 

La position de David Nakache est contradictoire.

D’un côté il se sent capable de débattre de tout ce qu’il y a en commun entre le PS et quelqu’un comme Bayrou peu importe leurs autres idées.

Mais en ce qui concerne le front de gauche, nos différences, en particulier le fait que nous pensons qu’il y a un lien entre les institutions et les politiques injustes menées au niveau économique et social, au niveau européen, comme au niveau du gouvernement français, seraient un obstacle au dialogue ?

Nous pensons effectivement, et je pense à juste titre, qu’il y a un lien entre le fait que les institutions actuelles organisent l’irresponsabilité du président et du gouvernement, et que c’est cette irresponsabilité qui leur permet de mener des politiques d’austérité contraires à ce que le candidat Hollande a défendu lors de l’élection présidentielle.

Que nous pensions qu’il y ait un lien ou non, qu’est-ce qui nous empêcherait de nous retrouver tous ensemble (même avec Bayrou) lorsqu’il s’agira de voter une constitution qui contiendra ces fameuses réformes institutionnelles que nous défendons en commun ?

Et concrètement, si nous défendons des idées cohérentes entre elles dans un programme, l’humain d’abord, pensant que tout ce que nous défendons est lié, les propositions législatives ou institutionnelles que nous défendrons porteront évidemment sur chaque domaine précis. Notre méthode est la réforme, nous ne demanderons jamais aux français ou à leurs représentants d’accepter l’ensemble de nos idées et propositions en bloc. Il est évident que cela serait le meilleur moyen de ne voir jamais aucune de nos propositions s’appliquer.

Le fait que nous défendions notre vision des choses de notre côté, Bayrou la sienne de son côté, et David Nakache et Montebourg la leur de leur côté, n’empêche personne de discuter et de voter la même chose si nous pensons tous que cela va dans l’intérêt général, peu importe qui le propose.

Nous ne faisons rien d’autre que défendre notre point de vue. Contrairement à ce que Mr Nakache prétend, nous ne forçons personne à faire le même lien que nous et nous n’imposons rien à personne. Et nous ne privons personne du moindre débat sur aucune question : en défendant l’idée d’une constituante, notre intention est justement d’organiser au contraire un vrai débat national sur les institutions, et d’y faire participer le plus grand nombre.

  1. Concernant la constituante.

David Nakache n’a visiblement pas compris nos raisons et ce que nous proposons.

D’abord derrière cette proposition il n’y a aucun rejet de je ne sais quelles élites, ou alors il faudra nous expliquer comment ils définissent qui fait partie ou non de ces élites.

J’ai bien peur qu’il n’y ait que les personnes qui se prennent elles-mêmes pour des membres de ces élites qui le ressentent de cette manière.

Nous, nous nous plaçons uniquement sur le terrain politique, il n’est pas ici question de sentiments.

Si nous proposons que les élus, les juges ou ceux qui veulent le devenir soient exclus de la constituante, c’est tout simplement parce que leur position les place en conflit d’intérêts. En effet, le but de la constitution consiste à définir la souveraineté, et donc l’organisation des pouvoirs. Il s’agit notamment d’en définir les limites. Et ceux qui exercent ou qui vont exercer ces pouvoirs ne doivent pas être ceux qui en définissent les limites, c’est du bon sens. Personne n’aime voir son champs des possibles restreint. Si vous demandez à une personne de se fixer ses propres limites, c’est empêcher que les bonnes limites soient mises en place.

Pour preuve, la question de la limitation et du non cumul des mandats. Alors que les français y sont très majoritairement favorables, et que cette proposition se retrouve systématiquement dans les programmes politiques, ce sont bien les élus eux-mêmes qui font obstruction, parce qu’ils ne veulent pas perdre leurs mandats, leurs activités ou leur niveau de vie. Montebourg lui-même a trahit ce principe en acceptant de cumuler. Si on attend que les élus votent d’eux-mêmes cette loi, on peut attendre en vain une éternité. Il est donc nécessaire lors de ce genre de conflits d’intérêts de passer outre les élus et de laisser aux citoyens, qui constituent en tant que peuple, le souverain, le soin de prendre ce genre de décision.

Bien évidemment, un simple référendum suffirait. Et nous ne doutons pas de la bonne volonté des quelques personnes qui malgré leurs mandats défendent ces réformes institutionnelles. Mais il y a d’autres raisons qui nous motivent à préférer une constituante.

  1. Pourquoi une constituante et pas un référendum ?

D’abord il faut bien comprendre que notre ambition de réformes ne se limite pas aux institutions. Nous défendons des idées qui nécessitent un vaste transfert des richesses du capital vers le travail (au moins 100 milliards d’euros). Pour pouvoir y parvenir nous aurons besoin de toute la légitimité possible.

  • Il faudra l’appui du peuple pour affronter les autres puissances européennes et obtenir d’eux des concessions et la renégociation des traités.
  • Il faudra l’appui du peuple pour inspirer les autres peuples et ainsi faire pression sur leurs gouvernements respectifs.
  • Il faudra l’appui du peuple si nous devons appliquer des mesures unilatéralement soulevant une vive opposition, que ce soit de la finance, des gouvernements européens ou des autres forces politiques en France, comme les emprunts à la banque de France ou la restructuration de la dette publique, car cela va à l’inverse de leur idéologie, de leurs intérêts et de tout ce qu’ils ont raconté aux gens jusqu’ici.

Cette légitimité nous ne l’obtiendrons pas seulement par des élections, surtout si les résultats sont serrés, comme c’est le cas habituellement en France.

Pour ces raisons, et pour des raisons de cohésion sociale, nous pensons qu’il faut refonder notre pacte social et ré-impliquer les français dans la vie politique. Et pour cela il faut faire participer le plus grand nombre de personnes à la vie politique et aux décisions collectives.

Et cela commence par une constituante.

De plus, nous pensons que l’ordre social ne pourra pas changer tant que ce sont les tenants de cet ordre social qui prennent les décisions. Il est donc préférable de demander aux citoyens plutôt qu’aux politiciens qui ont largement prouvé leur incapacité à penser autre chose que l’ordre social actuel.

A partir du moment où nous organisons des débats publics, à partir du moment où nous donnons une vraie place aux idées, à partir du moment où nous prenons notre temps pour discuter, on peut espérer la meilleure décision de la part des français.

La crainte de David Nakache de voir les débats de cette constituante accaparés par ceux qui défendent les institutions actuelles est légitime mais elle n’est pas fondée.

  • La libération de la parole publique en garantissant à tous une équité du temps de parole, qu’ils viennent de partis politiques, d’associations ou d’assemblées citoyennes.
  • Un scrutin proportionnel évitant la sur représentation des gagnants des scrutins.
  • Et enfin l’exclusion du personnel politique ou judiciaire de la constituante pour conflit d’intérêt.

Ces mesures garantiront que la constituante sera constituée de citoyens et non pas de professionnels de la politique ou de la justice, et elles garantiront qu’aucun groupe politique ne s’accaparera les débats.

On peut donc espérer une majorité pour construire une belle VIème république. A nous d’être convaincants.

On ne pourra pas dire que c’est la constitution du front de gauche. Personne ne pourra en contester la légitimité. Faire les choses bien nous permettra de repartir sur des bases vraiment solides. Et tant pis si tout ce que l’on défend ne sera pas présent. C’est une étape. Quand les gens verront les bienfaits de ces politiques, ils accepteront de nous accorder à nouveau leur confiance pour continuer dans ce sens.

 

 

 

 

 

 

 

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